Ma grand-mère maternelle était professeure de cuisine et de couture. Ma grand-mère paternelle se réjouissait des bonheurs simples de la vie. Il y avait les tulipes, au printemps, que nous ramassions ensemble, ainsi que les bouquets de coucous pour la maîtresse ; il y avait les cerises en été et ces après-midis passées dans l'arbre pour les manger ; il y avait son potager bien sûr et les balades à pied au bord du Lot. Oui, j'ai grandi, bercée par cette simplicité de chaque instant. Le dimanche, nous mangions une volaille achetée vivante au marché. L'hiver nous sortions le chaudron pour fondre les canards achetés à la ferme du coin. Et même si je ne mangeais pas de confitures, elles étaient faites maison par l'une de mes grands mères. Nous achetions les légumes au marché et la viande chez le boucher. Ma maman cousait les costumes pour mes galas de danse ou pour les kermesse. Et à l'adolescence quand j'ai flashé sur les sacs en crochets, c'est ma grand mère maternelle qui m'a confectionné le mien. What else?
Et puis, et puis... je suis devenue adulte, happée par une société qui allait toujours plus vite, qui me laissait toujours moins de temps ou qui m'occupait autrement. Même si j'ai gardé ce goût pour la marche transmis par mamie. Oui, parfois, au creux de l'hiver, je ressortais ma madeleine de Proust à moi, une cocote minute pour un bouillon de légumes maison. Et je dégustais les larmes aux yeux mon assiette de tapioca. Oui, j'ai eu quelques velléités de machines à pain et de yaourtières. Je me suis même fait offrir ma première machine à coudre par maman. En secret, car "chut c'est un peu ringard, non, la couture ?". Et bien entendu, j'ai participé à des cours de cuisine dans ces ateliers parisiens branchés. Mais j'y étais allée à pied ! lol
Et puis, bébé numéro 1 a pointé le bout de son nez et comme tout le monde j'ai cuisiné ses premiers repas, facile avec le congés maternité. Sauf que quand j'ai repris le boulot c'était plus compliqué sans compté que même la nounou elle trouvait ça plus pratique les plats du commerce. Alors quand bébé numéro 2 s'est ajouté au schmilblick, je vous raconte pas! Surtout qu'à la crèche les plats maisons étaient carrément proscrits. Alors je me suis mises à acheter du bio, conscience quand tu nous tiens.
On a commencé à prendre un sérieux abonnement à la poubelle... entre tout...je vous fais pas un dessin. Pourtant, en arrivant à la maison la mairie nous avait offert un composteur. Les jours et les mois se sont suivis et je remplissais inlassablement des chariots au supermarché du coin. Et c'est justement au supermarché que j'ai commencé à douter. Au rayon pain, viennoiserie, brioche, vous voyez ? Ce rayon où s'entassent pèle mêle dans des sacs plastifiés de toutes les couleurs, des pains de mie avec ou sans croûte, avec ou sans graines, longue conservation ou presque déjà périmés, des brioches avec ou sans pépites et des petits pains au lait emballés individuellement pour ajouter un peu au débat. Là, j'avoue, j'ai craqué; non pas parce que, oui avouons le, il y a quand même beaucoup d'emballages! non pas parce que choisir le paquet dont la date allait le plus loin se révéler un vrai casse tête! non juste par goût! Mon repas préféré commençait sérieusement à me lasser au point de ne plus vouloir rien manger.
Alors les mains vides, je suis rentrée chez moi, j'ai allumée mon pc et j'ai commandé une machine à pain! Je vous raconte pas la tête de Monsieur quand je lui ai annoncé la nouvelle, j'ai eu droit à un petit récap de toutes nos tentatives ratées pas moins de 7 ans en arrière. Mais j'ai tenu bon. En 7 ans, notre société moderne avait inventé suffisant de réseaux sociaux en tout genre pour y dénicher les bonnes recettes. Quelque chose était en train de changer...
Et puis, comme parfois le hasard fait bien les choses, j'ai rencontré 2 nanas exceptionnelles, 2 mamans formidables, 2 femmes géniales. J'ai passé une semaine avec elles. Elles m'ont parlé produits bios, maquillage bio, cuisine autrement, et j'en passe. Et une idée à commencé à germer dans ma tête. A pousser suffisamment pour me faire acheter un livre sur le Zéro Déchet. J'ai chois Famille Zéro déchet et je me suis pris une belle claque en lisant le truc avant propos. (...) Ça vous parle forcément.
Depuis j'ai décidé de dire stop! Non je n'ai aucune prétention à revendiquer 0 déchets nous remplissons encore beaucoup trop nos poubelles de recyclages et nous n'avons pas complètement arrêté les emballages. Car j'avoue ce n'est pas toujours facile. Mais on fait des efforts. Finalement je me rends compte que c'est plus l'envie de revenir aux choses simples qui m'a poussé à tout cela, et que oui c'est con, mais ça produit moins de déchets. Mamie doit juste se retourner dans sa tombe de voir que l'on a juste décidé de revenir en arrière, ou peut être est elle simplement heureuse de que l'on ait retrouvé le chemin. Elle n'est plus là pour me le dire.
Je suis consciente que dans cette prise de conscience j'ai eu la chance de tomber aussi sur la bonne maîtresse qui a convaincu les enfants à ma place. Ils sont rentrés de l'école en demandant eux mêmes des goûters plus seins et des gourdes de compotes réutilisables. Sans compter qu'ils adorent aller à la bibliothèque ; alors on relègue la liseuse au fond du placard et on reprend les bonnes habitudes de notre enfance. Direction la bibliothèque et le bonheur de fouiner dans les rayons, puis de tenir un vrai livre en papier dans les mains.
On avance petit à petit. On sauve les animaux dans l'océan comme disent mes crapauds et avouons le ça nous donne le sourire ! Avant quand je cuisinais, c'était pour recevoir des amis, avec un livre de cuisine et j'aimais ça. Maintenant je mets un tablier pour cuisiner au quotidien des choses simples et faire des conserves. Je fais différemment
mais finalement plus simplement. On retrouve les bocaux en verre et les boites en métal de nos grands mères et je pense à elles tous les jours.
Merci mamies !
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