Avant, je pouvais encaisser sans me rendre compte que c'était trop … Avant quand ça n'allait pas, quand ca n'allait vraiment pas, j'étais mal … J'avais parfois une boule au ventre, et je me sentais un peu plus fatiguée, mais ça ne me semblait pas si pire. Je faisais le dos rond et ça finissait toujours par passer … Enfin c'est ce qu'il me semblait …
Maintenant, quand ça ne va pas, mon corps me le dit. Maintenant, quand je ne prends pas assez soin de moi, mon corps me dit stop. J'aurais mis un an à comprendre, à accepter que cette maladie, sur laquelle les neurologues ne veulent pas encore mettre formellement un nom, pouvait être un avantage et non un boulet. Même si, j'ai littéralement un boulet à la jambe quand ça ne va pas. Mais aujourd'hui, j'ai compris qu'en appuyant sur le bouton stop , j'obtenais le même résultat qu'en me ruant à l'hôpital. Je sais qu'il faut que je me préserve que je pense à moi.
Il m'aura fallu un an pour passer du "oublie" à "accepte"... Non je ne peux pas oublier ! J'ai essayé pendant 10 mois, et après 4 passages à l'hôpital, au moment où un cinquième séjour semblait plus que probable, j'ai dit STOP ! Oublier ne servait à rien, parce que mon corps n'était plus capable d'encaisser comme je l'avais toujours fait. Il fallait que je réalise que je ne pouvais plus porter tout le monde sur mon dos. Peut-être que cette maladie est arrivée pour cela, Comme le dit Lise Bourbeau dans un de ses livres, la guérison n'est possible que lorsque nous nous permettons d'être ce que nous voulons. Peut-être que cette maladie sera ce qui me permettra de devenir enfin moi-même, sans doute car elle fait écho à ce qui a fait celle que je suis, en marquant profondément mon enfance.
Le chemin de l'acceptation est long, et je fais au mieux depuis 2 mois, pour détricoter la pelote et revenir au début. Je suis partie à la rencontre de mon enfant intérieur, je suis allée à la recherche de La Puce, comme ils m'appelaient petite. J'espère réussir à me réconcilier avec elle, pour qu'elle me permette enfin d'être l'adulte, la femme que je rêve d'être. Le chemin de l'acceptation de soi passe aussi par l'acceptation des autres, il est long et semé d'embuches. Et quand, j'en fais trop, quand, je m'en demande trop, moralement et physiquement, je trébuche en route.
Etrangement depuis quelques jours, ces décharges électriques, auxquelles je me suis habituée depuis des années, étaient réapparues. Pourtant, je l'avoue je ne les ai pas écoutées. Je les ai ignorées comme on appuie sur la fonction snooze du réveil, le matin quand on ne veut pas se lever. Hier ce sont mes amies les fourmis qui ont commencé à réenvahir ma main … Et ce matin, c'est ma jambe qui était étrange avant même que je sorte du lit. Vous le savez tous, quand le réveil a resonné 10 fois de plus en plus fort, il y a ce moment où on ne peut plus l'ignorer, ou ne peut plus se dire, non j'attends encore un peu …
Ce matin quand je me suis levée je savais que j'en avais trop fait, trop encaisser ces derniers jours, le retour de vacances a été trop compliqué pour La Puce. Il va lui falloir beaucoup de câlins et beaucoup de bienveillance pour s'apaiser, pour me permettre de repartir, encore une fois. Mais aujourd'hui, je sais que ce que je sentais est bien devenue une réalité. Je ne m'en veux plus, je ne me blâme plus, j'apprends jour après jour à me donner à moi tout ce que je réservais avant aux autres, non je n'ai pas que des devoirs mais aussi beaucoup de droits et entre autre celui de dire stop.
Belle semaine à tous.
Aimez vous, acceptez vous, osez vous donner ce que vous réservez aux autres, non nous ne sommes pas tarés, nous sommes humains et tant pis pour ceux qui ne le comprennent pas !
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